On fait quoi maintenant?

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Journée plus qu’intense. Je change doucement d’orbite. Décaler son angle de vue provoque parfois un changement de trajectoire. Presque tout le temps. On devient autre. J’ouvre les yeux, je questionne. C’est l’effet de la souffrance. Elle peut aussi anesthésier, immobiliser. Parfois il y a des deux.

On fait quoi maintenant? Maintenant c’est l’heure du choix. C’est pas forcément ce qui va fonctionner. C’est un acte. L’acte d’affirmer une volonté. J’essaie chaque jour de faire ce choix. Parfois je m’accommode parce que c’est plus simple, je ne suis pas pour autant en désaccord avec moi-même. Tout ne colle pas toujours. C’est naze ce que j’écris… On va faire quoi. On va faire semblant? Ce ne sera jamais le moment d’aborder même pas une bribe d’un sujet quelconque ? C’est quoi l’amour? j’en sais rien et plus j’essaie, plus je grandi et me libère, plus je suis conscient que je ne n’en sais rien, que j’en sais toujours moins.

On y reviendra. Le rapport à soi-même, aux autres, les croyances dans lesquelles on a grandit, les exemples, la culture patriarcale et la souffrance qu’elle implique. On y reviendra souvent.
Je traîne mon boulet. C’est un fardeau, mais au fil du temps on se muscle, ça semble moins lourd. Parfois on fatigue. On tombe. On aimerait que ce moment ne soit pas celui où on nous marche dessus. Mais c’est souvent le moment que certaines personnes attendent. Hélas, on peut se mettre parfois sous la roue pour voir ce qu’il se passe. On finit esquinté à nouveau. On se relève quand même. Ils appellent ça la résilience… ça c’est un truc de manager et de psy qui veulent qu’on soit “apte” dans cette société, qu’on soit utile, productif et pas chère. On y reviendra aussi. Les patrons qui nous broient nous envoie chez leurs femmes ou leurs cousins thérapeutes, médecins et autres marchands de bien-être. L’argent circulent en circuit fermé. On est dans les tuyaux, ils ont le réservoir.

On n’est pas résilient ! On n’a pas le choix ! C’est qu’on veut pas crever! Enfin y’en a plein qui y passent quand même.

On fait quoi maintenant? On continue, si oui comment? on arrête, si oui comment? on fait semblant? si oui comment parce que je suis trop entier pour faire semblant. J’ai plus le temps de faire semblant. J’ai envie de rire et de joie. J’ai envie de profiter de celles et ceux que j’aime. Ils ne sont pas beaucoup. Aujourd’hui je n’arrive même pas à faire ça…

Ce sentiment d’amour que j’éprouve, il est fort, il est beau et il est très grand. Il peut même encore grandir. J’aimerais pouvoir rencontrer quelqu’un avec qui ça résonne. Imagine le truc. Je sais que ça peut aussi dissoner mais je crois que si la vibration se synchronise ça peut être vraiment beau. C’est ce que j’ai vécu avec toi pendant plus d’un an. J’ai eu cette impression et en même temps je sais que j’avais construit des protections énormes. J’ai l’impression d’avoir été un peu manipulé aussi. Ces protections je les ai fait tomber quand on a emménagé ensemble. C’était con mais je ne sais pas faire dans ce contexte. Pour moi y’avais comme une évidence que l’on ait envie de passer du temps ensemble, de rire ensemble, de rien faire ensemble et que les moments ou l’on ne serait pas ensemble, on aurait envie de les partager, comme des bonheurs, de continuer à se raconter ce qu’on éprouvait dans notre corps et au fond de nous. La résonance?

Au lieu de ça, un fossé c’est creusé. J’ai pas compris quand tu as eu besoin d’espace, tu as pris de la distance. J’ai provoqué chez toi la construction d’un mur, provoquer une fuite que je n’ai pas su anticiper. J’ai pas su gérer la souffrance que ça me provoquait… aujourd’hui on va faire quoi ? est-ce qu’on peut redémarrer la machine ? Est-ce qu’il faut changer quelque chose? est-ce que tu as envie d’essayer? est-ce que tu veux gagner du temps?

Chaque minute de ma vie compte dorénavant. Il ne me reste plus beaucoup de temps au regard de tout le temps que la souffrance m’a volée. J’ai envie de beauté, de rire et de joie. Je peux me contenter de peu mais je sais ce qui compte pour moi. Le partage ! La complicité… être avec des personnes qui sont pleinement elles mêmes.

Et moi qu’est-ce que je veux ? Qu’est-ce que je suis prêt encore à faire?

Je t’aime ! je t’aime vraiment fort. Mais je ne veux pas attendre ou être pseudo spectateur de ta vie. Attendre de l’affection, non. Autant être seul… J’ai besoin d’affection, j’ai besoin d’en donner et d’en recevoir.

Crédit photo : “We do not know what the future holds” by hernanpba is licensed under CC BY-SA 2.0.