Merdocapitalopatriarcosolitude !

Viens on ne pense plus à rien et on fait un calin.

40 balais

En ce moment je reviens sans cesse sur ma vie. Comment j’ai vécu les choses. ça boucle, ça tourne mais je crois que j’en ai besoin pour en sortir. C’est marrant j’ai pas envie d’écrire dans un cahier parce que je ne voudrais pas qu’on le lise dans mon dos alors j’écris en clair sur le net, y’a pas de destinataire, je suis pas sur qu’il y ait un jour une personne pour lire.

Le nœud c’est que j’arrive pas à savoir pourquoi j’ai autant de mal avec les relations sociales au delà du fait que bien souvent je m’ennuie comme un rat mort. Je m’ennuie nerveux seul, et aussi accompagné. Souvent voir des gens c’est un prétexte pour picoler. Je trouve rarement intérêt à passer du temps avec des gens mais parfois j’en ai envie et du coup y’a personne…. je comprend pas. Enfin si maintenant je comprend pourquoi il y a autant de pilier de bar. C’est sans doute des gens comme moi qui s’ennuie autant seul qu’accompagner. Parfois ça fait du bien de se faire chier à plusieurs.

JE SUIS UN FILS DE PROLO !

je me cherche des excuses tout le temps parce que quelque part je me dis tout le temps que je suis allé à l’UNIVERSIT2 ! BORDEL !!

ouep des prolos y’en a qui l’ont été plus que moi. Les gamins de ma classe de primaire. Celui qui avait la queue de rat, lui son père bossait à l’usine aussi, ça mère était à la maison, gardait surement d’autres gamins… lui il n’a pas eut le même capital culturel que moi. Ma mère avait était fille de commerçant de la ville. Si mon père ne l’avait mise enceinte de moi, elle aurait sous aucun doute pu trouver un mec plus cultivé, plus aisé que mon père…

Donc j’étais moins prolo que d’autres gosses du village. Mais eux c’était vraiment les plus prolos. Dans la plupart des cas, les pères travaillaient à l’usine et les mères à l’hôpital psychiatrique. Tout le monde était plus ou moins enfants de paysans. Les pères qui travaillaient à l’hôpital avaient un meilleurs statut et de meilleurs revenus. C’était aussi des prétentieux… Parce que oui les fils de paysans qui arrivaient à ne pas travailler à l’usine, ils se la pétaient. Pourtant on savait tous, que leurs parents c’étaient aussi des vieux paysans qui picolaient du rouge, le mégot à la bouche, que l’évier chez eux était encore en granit ou en grès…

A l’école, je me suis mis à côtoyer des copains dont les parents n’étaient pas les plus prolos, voir même étaient la “haute” classe du village.

Fin du collège, je fumais des joints avec le fils du médecin du village, le fils du patron de l’usine et le fils d’un infirmier de l’HP. On c’est fait bannir par le reste des ados du village parce que c’est mal de se droguer. (alors que bon la picole ça passe, deux ans après ce rejet, 90% des jeunes du villages fumaient de l’herbe, et prenaient d’autres drogues, de la coke et une partie dealait. J’ai halluciné et n’ai pas du tout compris ce qui c’était passé)

Entre temps le fils du patron qui draguait ma sœur, lui a dit qu’on fumait des joints. C’était super intelligent de sa part. Au final ma sœur qui ne savait pas ce que c’était, l’a dit à ma mère qui a paniqué. (oui à cause d’autres histoires super naze de famille et de l’oncle marginal, d’ailleurs je me demande si dans les grandes familles d’au moins 6 enfants, il n’y en avait pas un qu’on sacrifiait, consciemment ou non)

Résultat, ma mère fait le tour des parents des potes en question. La mère prolo, en cours de divorce, va chez les bourges pour les prévenir que leurs progénitures chéries fument des joints. J’ai perdu 3 potes en 24h. De toute façon on allait déménager, partir de ce bled. J’y ai tout laissé. Mon enfance, mes potes, mon père et sa famille.

Résultat des courses. Mon père a menacé de nous flinguer et ça n’aurait pas été le premier à le faire. On entendait ce genre d’histoire parfois. L’histoire du gamin avec qui on jouait quand il venait chez nos voisins, ces grands parents, il était un peu attardé. Son père c’est suicidé. J’ai entendu qu’il avait fallu ramasser les morceaux de son cerveau au plafond. C’est pratique les fusils de chasses. Tout le monde en avait. Des histoires où les pères flinguaient tout le monde à 7-8 ans tu les avaient déjà entendues. C’est à peu près ce que j’ai gardé enfoui quand on est parti. Si mon père n’avait été aussi con peut-être que ce trauma serait passé, mais il a confirmé l’abandon par la suite en ne prenant aucune responsabilité.

Redoublement, nouvelle entrée au lycée. Je ne connais personne. Personne ne me connait. On habite la banlieue de ce qui est pour moi une ville. Je me fais doucement des potes. Le fils d’un fonctionnaire qui n’a pas arrêté de bouger de ville pour sa carrière, dont un frère est malade (je ne le saurais qu’à son décès), le fils d’une dentiste dont le père est mort (je n’ai jamais vraiment su la cause, ça semblait pas abordable. Un accident a sans doute été évoqué une fois). Ces deux potes étaient plutôt de familles aisées, avec leur lot de merde. J’ai fait connaissance avec d’autres potes. Ils faisaient plus ou moins partie du même monde. Enfants de fonctionnaires, artisans, professions libérales… la petite et moyenne bourgeoisie de cette petite ville au milieu de la campagne. J’avais besoin de sortir du monde des paysans/prolos.

Deux années passent et ma mère emménage chez un mec qui semblent moins con que mon père et qui a du fric. On suit, de toute façon on n’a pas le choix. Changement de lycée. Je foirais mon année tellement je trouvais tout ça absurde. Un an plus tard, je passe le bac et l’obtient. Avec mon père c’est chiant, on va le voir il n’est pas toujours là, ou alors il s’en tape royal. Il trouve une meuf avec des gosses. Le mec de ma mère nous vire , ma sœur et moi, de chez lui… J’ai jamais vraiment compris pourquoi… surtout que je partais à la fac…

Ma mère nous trouve un appart, je dois habiter à 50 km de la fac. C’est mort pour se faire des relations dans cette première année de fac… la seconde année j’habite encore avec ma sœur qui galère aussi. Elle a foiré son bac, je ne sais plus trop comment ça se passe de son côté mais la cohabitation arrive à sa fin. Un pote me propose une colloc dans un appart à moitié rénové… c’est parti. la c’est l’année ou je foire la fac. Rien n’a vraiment de sens. Je ne sais plus comment je vois ma mère, ça semble flou… ensuite je me retrouve à moitié à la rue. J’emménage chez un type qui fait des documentaires, il a un projet de film. Je suis inscrit à la fac pour la bourse. Je n’accepte pas de conduire un camion pourrit dans les Vosges en hivers avec tout le matos électrique dedans. Je me fais remettre dehors. Mon grand père meurt, c’est sans doute à ce moment que la décision de ne plus parler à mon père prend acte.

Je suis hébergé 2 mois dans la famille d’une amie, réfugiée, puis je me retrouve à squatter le canapé de mon ancien colloc qui habite avec un autre pote. Je cherche un appart et un moyen de toucher des sous. Je trouve une formation à 50 km. Je vais faire les trajets dans le sens inverse… A la fin de la formation je n’ai à nouveau plus de revenu. Je quitte l’appart et me retrouve sans adresse. Je dors un peu dans une maison que me mère retape. Je vais à Strasbourg chez des potes. Je rencontre la mère de ma fille, qui est mal au point; Elle vit avec un type que je connais quasi pas mais qui m’héberge un week-end, je pense par intérêt, pour faire de la vidéo. On tombe amoureux, et la seconde fois ou je viens le type, pote de pote s’en rend compte et devient ouvertement agressif et violent. Je décide de ne pas partir, c’est vraiment trop puant de la laisser avec cette pourriture. Nous voilà deux sans appart. Le soir ou ça se passe son meilleur pote prend la tangente quand le mec devient agressif. J’ai pas trop kiffé se manque de solidarité. Lui qui se vantait par la suite de ne pas fuir la bagarre. Pour nous protéger j’ai du demandé à mes potes de faire un choix : me parler, ou continuer de parler à ce type. Résultat ; j’ai perdu tout ceux que je pensais être des potes en une semaine. C’est difficile de se refaire des relations quand on n’a pas une thune, pas confiance, peur, qu’on est cassé et que rien dans se monde ne fait envie etc. Les 14 ans passé avec la mère de mon enfant, c’est une histoire à part entière. Un sacré sac de nœuds, de pauvreté, de choses chouettes et moins chouettes. Une bulle.

On n’a pas réussi à se faire des amis. Peut-être à cause en partie de moi et de mes blessures, mixé avec les ingrédients du patriarcat. La volonté de contrôler ce qui ne peut pas vraiment l’être… Le contrôle était partout. J’étais contrôlé et je tentais aussi de contrôler. Jusqu’à explosion de la marmite.

Toujours pauvres, toujours frustré de ne pas avoir accompli quelque chose…

Aujourd’hui j’ai abandonné l’idée d’accomplir quelque chose. C’est un deuil certain pour celui qui avait l’ambition de changer le monde. De le rendre meilleurs. C’est dingue ce qu’on est poussé à croire. J’allais vraiment pas bien !

Personne n’est batman et si une personne voulait l’être il faudrait l’isoler !!

crédit photo : “She was alone, Madrid” by Julie70 Joyoflife is licensed under CC BY-NC-ND 2.0.